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UNEDIC : précaire et tais-toi !

Paru dans le Combat syndicaliste n° 253

jeudi 30 janvier 2003

Le protocole d’accord de décembre 2002, signé par la CFDT, consacre une nouvelle exclusion massive d’1/3 des chômeurs de l’indemnisation.

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En dessous de l'article principal, UNEDIC, les clefs de l'accord

Précarité: ferme ta gueule et tais-toi !

Loin des sunlights, les salariés de la presse en prennent plein la gueule... comme les copains, y'a pas de raisons. Toutes catégories professionnelles confondues, nous sommes aujourd'hui confrontés à diverses formes de précarité, des plus banales aux plus inédites. CDD, piges, stages, intérim... Vous bousculez pas, y'en aura pour tout le monde !

Les plus connus, pas forcément les plus reconnus car il y aura toujours un DRH pour leur dire que " c'est leur choix " et que " c'est la liberté ", ce sont les pigistes. Ce qu'on sait moins, c'est que ce " statut ", au départ destiné aux rédacteurs intervenant trop peu dans un journal pour être salarié en CDI, est désormais largement étendu à ceux qui travaillent à temps plein, ainsi qu'aux secrétaires de rédaction, aux maquettistes, aux iconographes, etc. Tous ceux qui, détenteurs de la carte de presse, ont le statut de journaliste. En 1980, moins de 10% des détenteurs de la carte de presse étaient pigistes. Ils sont presque 30% des premières attributions, aujourd'hui. Et dans la tête d'un patron de presse, un pigiste, c'est corvéable à merci, ça doit fermer sa gueule et, si ça bouge, ça dégage... l'armée de réserve journalistique étant on ne peut plus conséquente.

A la santé du confrère !

Mais les métiers de la presse " cachent " d'autres catégories de personnel, confrontées aux formes de précarité habituelles dans tous les secteurs professionnels.

Les employés, tout d'abord. L'externalisation des services, qui bat son plein, est un puissant moyen de casser les " avantages " durement acquis. Recourir à des sous-traitants permet d'exercer une pression féroce sur les salariés, sans assumer les risques d'un mouvement social, de les isoler de leurs collègues, et de les payer nettement moins cher. Pour un employé embauché directement par la boîte, avec un salaire décent, on a désormais un intérimaire qui touche le SMIC, parfois même sous-traité par le sous-traitant (souvent filiales de multinationales) à une agence intérimaire. Ce que ne touche plus le salarié ira engraisser les marchés financiers.

Les ouvriers. On connaît un peu les ouvriers du Livre. Leur fort taux de syndicalisation, leur combativité, ont jusqu'aujourd'hui protégé leur statut d'une trop brusque mise à plat. Mais le corporatisme à courte vue de leurs syndicats (pourtant membres d'une même confédération) et l'agressivité du patronat dans le secteur les condamne, à brève échéance. Déjà, le syndicat des correcteurs, qui plonge ses racines dans les tous débuts de l'imprimerie, est au bord du gouffre. Dans l'indifférence générale.

On trouve aussi, dans le lumpenproletariat de la presse, les distributeurs des gratuits (Métro et 20 minutes), dont les conditions de travail tranchent complètement avec les accords jusque là en vigueur dans la presse. Sans oublier, bien sûr, les ouvriers du labeur, qui suent dans les grandes imprimeries de la presse. Eux ne bénéficient pas des accords décrochés par les ouvriers du livre dans la presse quotidienne. Pour parachever le tableau, évoquons les soutiers anonymes des boîtes de production audiovisuelles, intermittents et techniciens payés au lance-pierres.

UNEDIC " sauvée " ? Tu parles...

Le protocole d'accord sur le régime de l'UNEDIC (voir encadré), dans ces conditions, nous concerne au premier chef. C'est pourquoi, avec des camarades, non syndiqués ou des adhérents CGT, le secteur CNT interprofessionnel de la presse et des médias (" secteur presse ") a décidé de monter un collectif, qui fasse enfin bouger les corporatismes étroits, les mesquineries, ce silence assourdissant, dans un milieu qui se voudrait plutôt " de gauche ".

Un premier objectif : informer. Un tract a été rédigé, diffusé à plusieurs milliers d'exemplaires, dans des grands groupes de presse. Informer les " informateurs ", cela peut paraître paradoxal. Et pourtant... Certains ne savent même pas qu'ils ont droit, entre deux piges ou CDD, aux allocations chômage !

Ensuite, essayer de mettre en place une dynamique sur la durée : mener des actions (d'éclat parfois, de soutien évidemment, de dénonciation toujours), effectuer un travail d'information plus général, recenser les différentes situations vécues... Car, dans la presse, le plus grand obstacle est l'ignorance du voisin, du collègue, des autres catégories professionnelles, des autres statuts. Il est temps de balayer tout cela, de faire tomber les cloisons et les frontières, de se rencontrer et d'entamer la lutte. Nous avons rejoint le collectif des emplois-jeunes et les Précaires associés de Paris lors de la manifestation du 14 janvier à Paris, sur les bases d'une dénonciation de la précarité généralisée. Ce n'est qu'un début.

Secteur interprofessionnel de la presse et des médias

Contact : S'inscrire à la liste de diffusion du collectif des salariés de la presse

 

UNEDIC : les clefs de l'accord

Le "Protocole d'accord sur le retour à l'équilibre du régime d'assurance-chômage" du 20/12/2002 restreint sérieusement les conditions d'accès à l'indemnisation.

Durée de cotisation

Minimum:

- avant, 4 mois de travail sur 12 donnaient droit à 6 mois d'indemnisation ;

- maintenant, 6 mois sur 22 donnent 7 mois.

Maximum:

- avant, 14 mois au cours des 24 derniers mois : 30 mois;

- maintenant, 14 mois sur les 24 derniers : 23 mois.

Les filières intermédiaires sont désormais supprimées.

Indemnisations pour les plus de 50 ans revues à la baisse. Et l'indemnisation jusqu'à la retraite commence désormais à 57 ans et non plus à 55 ans.

Hausse des cotisations-retraite complémentaire pour les chômeurs, qui passent de 1,2 à 3 %. En, fait, ce calcul est basé sur le salaire antérieur et non sur l'indemnité journalière. Cela correspond donc à 5,4% de la somme effectivement perçue par le chômeur.

Hausse des cotisations salariales et patronales. Les cotisations salariales passent de 2,1 à 2,4 % (+ 0,3 point). Les cotisations patronales passent de 3,7 à 4 % (+ 0,3 point). En fait, en pourcentage, cela signifie + 8,1 % pour le patronat et + 14,3 % pour les salariés.

Suspension du versement des allocations en cas de non-présence aux entretiens. Ce dispositif, déjà imposé dans le cadre du Pare, jugé illégal par le TGI de Paris en juillet dernier, est réintroduit ici.

Applicables dès maintenant pour les nouvelles affiliations, ces mesures concerneront tous les chômeurs d'ici le 31 décembre 2003.