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transmis par des salariés de l’AFP

AFP : bilan du mouvement de grève

vendredi 15 octobre 2004

Petit bilan de la grève sporadique déclenchée à l’AFP quand le personnel a appris les primes faramineuses versées à des directeurs.

La grève a démarré mardi 5 octobre avec un arrêt de travail de 12 heures. Puis, les jours suivants, des arrêts de travail de 24 heures et, finalement un arrêt de 48 heures lundi et mardi derniers.

Motif : l’attribution à deux directeurs de la photo d’une prime de respectivement 30 000 et 35 000 euros, pour une « opération commerciale réussie », consistant en la sortie de l’AFP de la coopérative photo européenne EPA, et qui « a permis de sécuriser trois millions d’euros », selon le PDG Bertrand Eveno. Il y aurait eu d’autres « bonus » pour une douzaine de directeurs, qui iraient de 25 000 à 60 000 euros.

Ces primes ont été un choc pour le personnel abonné à une cure de minceur depuis 2003. Une cure élégamment surnommée « contrat d’objectifs et de moyens » (COM), qui s’étale sur la période 2003-2007 et qui a conduit à une réduction des effectifs et des moyens et à un blocage des primes et promotions en 2003. Ce COM est intervenu alors que l’AFP a enregistré un déficit cumulé de 76 millions d’euros fin 2003 et que le chiffre d’affaires fin 2004 devrait être en deçà des prévisions. Alors que notre siège a été hypothéqué via une formule de crédit-bail et qu’il n’est pas sûr que nous pourrons rembourser les 2,5 millions d’euros qu’il nous coûte chaque année.

Une motion de défiance à l’égard de la direction a été signée par des représentants de toutes les catégories (journalistes, ouvriers, employés et cadres) et votée par plus de 90% du personnel. Et puis la grève a commencé...

Des négociations fastidieuses se sont soldées par l’annonce d’une confirmation d’embauche pour 30 CDD journalistes - 15 à partir d’octobre ou début novembre, 5 à partir de janvier et 10 pendant les trois premiers mois de 2005.

Les employés de presse, quant à eux, n’ont obtenu qu’un CDI, ainsi qu’un CDD concédé à quelqu’un qui a déjà 14 ans d’ancienneté puisqu’il enchaîne missions d’intérim et CDD depuis 1991 ! Cette dernière mesure est honteuse : il reste à l’inspecteur du travail à requalifier ce salarié en CDI. Pas grand chose de gagné non plus pour les ouvriers de transmission et les cadres.

La direction a par ailleurs publié une liste des salaires des directeurs. Des commissions de suivi de cet « accord » sont prévues.

Tous ces points ont fait l’objet d’une « minute de discussions », signée par tous les syndicats sauf SUD-AFP. Eveno a également indiqué qu’il « supprimait les bonus pour la haute hiérarchie » et qu’il s’engageait à communiquer « les éléments exceptionnels de rémunération pour toutes les catégories et tous les niveaux de personnel » à la commission économique du CA puis au comité d’entreprise.

La « suspension » de la grève appelée par tous les syndicats sauf SUD a été votée mercredi à une très large majorité (3/4 du personnel). SUD a déclaré l’AG souveraine et a proposé un vote à bulletins secrets, mais ça n’a pas été retenu.

Les points positifs sont :
 un fonctionnement en intersyndicale CGT-CFDT-FO-SNJ-SUD, CFTC et CFE-CGC ;
 une communication accrue entre les salariés

Côté points négatifs :
 peu de participation réelle des salariés au mouvement ;
 face au résultat en demi-teinte de la grève, la démotivation au travail semble gagner du terrain.