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SIPM - Médiaktivistes

Interview d’Indymédia Chiapas

dimanche 28 décembre 2003

Interview d’Indymédia Chiapas, à l’occasion du dixième anniversaire du déclenchement de l’insurrection zapatiste.

 Bonjour, peux-tu nous situer les origines d’Indymédia Chiapas ?

En février, IMC Chiapas aura trois ans. Nous sommes nés a l’occasion de la marche zapatiste sur Mexico DF, avec le besoin ressentí alors de couvrir l événement de manière indépendante. Le collectif s’est créé à partir de professionnels des médias. Nous étions 15 au départ, en restent 6 plus de nombreux collaborateurs. Nous sommes des photographes, des vidéastes, des rédacteurs, des travailleurs indépendants qui collaborons également à d’autres médias professionnellement en plus du travail pour indymédia. Nous sommes 4 Mexicains (México DF, Tijuana et Puebla), une Irlandaise et un des USA, qui vivons tous ici.

 Quelles sont vos sources de financement ?

Nous proposons divers services, qui ne sont pas destinés au public mais aux nombreux bénévoles d’organisations qui interviennent ici, aux militants de passage : cela va d’un café Internet à des travaux d’impression, en passant par l’hébergement dans des petits dortoirs de 4 a 8 lits, pour 25 pesos. Des individus ou d’autres organisations nous font également des donations ponctuelles. Nous bénéficions enfin d une partie des fonds destinés par Indymédia global aux pays du Sud.

 Quelles sont vos activités et vos objectifs principaux ?

Cela dépend de la situation : photo, video, écrit... Nous restons centrés sur le site, nous ne produisons par exemple pas de films vidéos, mais nous travaillons avec d’autres médias indépendants qui le font, auxquels participent aussi des membres d’IMC Chiapas.
Nous ne prétendons pas générer toute l’information, mais offrir une alternative pour permettre de publier une autre information. Idéalement, nous rejoignons le principe d’IMC global : que le site soit utilisé le plus largement possible par des gens qui ne font pas directement partie du collectif. Il y a des groupes qui travaillent sur certains thèmes particuliers. Lors d’un événement, beaucoup de gens qui travaillent dans l’information utilisent IMC Chiapas pour faire paraître des infos qui n’intéressent pas les médias institutionnels.

 Mais qu’en est-il de l’accès dans le Chiapas même ? Cela ne pose-t-il pas un problème qu’aucun des membres du collectif ne soit originaire d’ici ?

Si, bien sûr. Actuellement, nous sommes davantage un moyen de faire connaître à l’extérieur du Chiapas ce qu il s’y passe. Mais notre objectif prioritaire est de devenir réellement un moyen d’expression du peuple chiapanèque. Il y a aujourd’hui une difficulté d’accès à Internet, et aussi un défaut de sensibilsation à l’utilisation de l’outil qu’est la publication libre. Pour l’instant, nous effectuons plutôt un travail individuel de formation et de sensibilisation, mais nous souhaitons mettre en place, avec d’autres organisations, des actions de formation et une facilitation de l’accès plus générales. Actuellement, nous travaillons avec des communautés, mais par le biais d intermédiaires. Comme il n’y a pas d’accès direct, ces dernières mandatent un "attaché de presse" qui transmet l’information aux organisations qui bossent avec elles, qui nous la retransmettent à leur tour.

 En France, nous sommes confrontés a divers problèmes, en raison de la publication libre. Des menaces de procès, mais aussi des attaques, des dénonciations publiques, émanant d’organisations plus ou moins radicales, de l’altermondialisme, de l’extrême-gauche, d’organisations libertaires. Pourtant, nous recourons à la censure a posteriori, contrairement à d’autres Indymédias, concernant les commentaires par exemple fascistes, racistes… Qu’en est-il pour vous ?

Nous n’exerçons aucune censure, nous en avons discuté, mais nous avons estimé que nous n’étions pas en droit de juger ce qui était bon à publier ou non. Pour les problèmes avec les autres organisations, nous n’en avons aucun, ni avec celles politiques, ni avec les autres médias indépendants, ni même avec l’Etat, du moins pas de repression directe. Au niveau militant, le principe de publication libre est tout à fait accepté.

 Avez-vous des relations particulières avec d’autres IMC, en particulier au Mexíque ou en Amérique latine ?

En réalité, nous en avons assez peu, excepté lors de grandes occasions, comme le sommet de Cancún. Chaque CMI a sa propre réalite locale, ses priorités de travail, même si tous travaillent beaucoup sur les droits des peuples indigènes.

 Et Indymedia Chiapas a-t-elle des relations privilegiées avec les Zapatistes et leurs organisations de soutien ?

Nous ne travaillons pas directement avec les Zapatistes. Comme pour les communautés, cela passe par des relais. Les Zapatistes ont leurs propres médias, leurs sites Internet, leur radio, Insurgentes, auxquels ils destinent prioritairement leurs informations.