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SIPM

Solidarité avec un journal marocain incendié

Communiqué du syndicat

lundi 18 juillet 2005

Le SIPM exprime sa solidarité avec le journal marocain Ici et maintenant, dont les locaux ont été incendiés dans la nuit du 22 au 23 juin 2005.

Ici et maintenant a été créé en juin 2004, dans la région de Ouarzazate. Il mêle informations locales, par exemple sur la gestion de la commune par les édiles, et analyses de la société marocaine, s’intéressant aux luttes menées par exemple par les mineurs d’Imini. Le journal est indépendant du pouvoir et son rédacteur en chef, le journaliste Brahim Fillali, est depuis longtemps harcelé par les autorités (voir article plus bas remontant à février 2004). Suite à l’incendie, le SNPM (syndicat des journalistes) s’est dit prêt à "se déplacer pour enquêter sur place, vu la gravité de ces informations".

Depuis quelques mois, la pression s’était accrue, avec plusieurs convocations par la police pour des motifs politiques. Brahim Fillali n’avait par ailleurs pas pu obtenir un visa de sortie pour se rendre au forum social méditerranéen. Rappelons que derrière le libéralisme de façade du régime, la monarchie marocaine n’a guère l’habitude de ménager les journalistes indépendants. En décembre 2004, le directeur du journal Minbar Beni mella est condamné à 3 mois de prison et à une lourde amende pour avoir mis en cause un parlementaire preuves à l’appui (il mourut dans un accident de voiture deux semaines plus tard). Le 12 avril 2005, le journaliste franco-marocain Ali Lmrabet est interdit d’exercer son métier pendant 10 ans pour « outrage au roi ».

Vous pouvez exprimer votre soutien avec le journal Ici et Maintenant en envoyant des fax de protestation à :
 M le Gouverneur de la province de Ouarzazate : 00212 44 88 25 68
 M le Ministre de la Justice : 00212 37 72 37 10
 M le Ministre de l’Intérieur : 00212 37 76 74 04

Vous pouvez également envoyer un message de soutien à Brahim Fillali : tafokt2001(arobase)yahoo.fr


Le communiqué de Brahim Fillali, directeur d’ici et maintenant.

Bonjour,

Le local du journal "Ici et Maintenant" a été brûlé par un ou des inconnus pendant la nuit du mercredi 22 au jeudi 23 juin 2005. Le dit local se trouve à Msemrir province de Ouarzazate. Sachant que je rencontre continuellement des problèmes dés la publication du premier numéro citant par exemple : j’ai reçu une lettre qui me menace le 26 novembre 2004 , juste aprés la publication du troisième numéro , puis le 03 juin 2005 j’étais convoqué oralement par la brigade judiciaire de la gendarmerie de Ouarzazate, cela par l’intérmédiaire du chef de la brigade de Msemrir sur l’affaire d’une lettre envoyée au ministre de la justice, signé par Anouze Brahim , qui touche selon le gendarme le roi , sa femme et le sahara ... j’ai refusé d’y aller puisque je n’ai pas reçu la convocation écrite, et ce problème ne me regarde pas. Aprés 19 jours, voilà le local brûlé, demain je ne sais ce qui va arriver. J’accuse l’autorité et la mafia locale , tous ceux qui sont dérangés par ce journal , ceux qui profitent de la misère, de l’ignorance, de la marginalisation, du sous-dévelopement de cette région.

Brahim Fillali, Directeur responsable du journal "Ici etMaintenant


(Article paru sur Indymédia Paris le 4 mars 2004)

M’semghir 27 février 2004

(Devant le siège de la commune rurale de M’semrir, province de Ouarzazate, Maroc)

Brahim Fillali gréviste

Au moment où doit se réunir la séance régulière du vendredi, un journaliste domicilié dans la commune se tient devant l’enceinte du bâtiment officiel annonçant par une pancarte aux gens se rendant à l’assemblée, l’entreprise d’une grève de la faim préventive. Il entend par son action protester contre son expulsion arbitraire lors de la réunion publique du comité communal la semaine précédente et revendique son droit de présence en tant que journaliste sinon comme résident. Dans un communiqué précédemment envoyé à différentes instances du ministère de l’intérieur ainsi qu’à diverses associations de défense des droits de l’homme, le gréviste Brahim Fillali explique la démarche l’ayant conduit en rapport conflictuel avec le président de la commune, Lahcen ElHadouj, accusé devant tribunal d’avoir falsifié les documents lui permettant d’occuper sa fonction. Fillali, directeur de la publication libertaire "Ici et maintenant", veut tirer au clair les agissements d’une administration sans transparence fonctionnant sans aucuns procès-verbaux,le secrétaire de la commune ayant été révoqué par son président. Selon le journaliste, la présence inédite d’une presse locale vient changer la donne dans une région qui n’a jamais connu de "4 eme pouvoir", et bien entendu, ça dérange, d’autant plus qu’il s’agit d’un journal autonome et auto-financé. Confiant de la légitimité de ses griefs, il agit devant de nombreux passants (l’endroit se trouve au centre du village, devant les marchés, l’école et à côté d’une mosquée)dont plusieurs sont venus lui offrir leur soutient. Aucune "autorité" n’a d’ailleurs semblé vouloir intervenir. Il faut prendre note, dit le gréviste, que nous sommes dans un village isolé du Haut-Atlas, très peu scolarisé, et nombreux sont les problèmes imputé à l’administration communale par la population. Jusqu’ici peu de gens osaient faire quelque chose, mais aujourd’hui, en appuyant sur les contradictions d’un Etat en quête de légitimité et en liant notre combat local aux luttes globales, les possibilités sont très grandes. Le journal « Ici et maintenant » à une grande tâche devant lui.